top of page

Japon, séjour chez un moine dans une chaumière de montagne
par Paul Lorsignol, Travel Sensations

 

47043799_10156440459590020_6300069088760692736_o.jpg

Loger chez un moine dans une chaumière traditionnelle est une expérience unique ! Tetsuji, de la secte shugendō, nous accueille pour nous faire découvrir cette splendide maison sertie dans un écrin de rizières, au cœur des montagnes du Yamato, le Japon éternel… C’est lui qui nous fera découvrir les trésors de  cette splendide région proche d’Osaka et de Nara…

Tetusji nous attend dans une petite gare rurale, à une heure de train d’Osaka. Avec son large sourire, il nous tend les bras avant de nous emmener à bord d’un puissant 4X4. 10 minutes de petites routes sinueuses plus tard, il se gare devant l’impressionnante chaumière où nous passerons les deux prochaines nuits.

11013588_423691517803405_849588984653209035_o.jpg

Tetsuji dans la chaumière où nous passerons deux nuits

Ces maisons de bois appelées ‘kominka’ en japonais se raréfient malheureusement de plus en plus, d’autant que les campagnes se vident de leurs habitants. Faire glisser les panneaux coulissants donne accès à un autre monde, celui des demeures traditionnelles où l’on se sent catapulté dans une autre époque, celle d’avant la modernisation de l’Empire du Soleil Levant ! Ici, pas de meubles, l’odeur végétale et fraiche des tatamis faits de paille de riz, la charpente apparente, et surtout l’atmosphère de paix et de sérénité lorsque, de la terrasse, on contemple les montagnes lointaines et les rizières dévalant vers la vallée.

339134142_1686697295093403_9143764437543143945_n.jpg

La maison est entièrement privative (donc il n’y a jamais d’autres voyageurs que vous) et peut accueillir autant les couples que les familles ou un petit groupe d’amis. Elle est assez vaste pour héberger une dizaine de individus ! Y loger est un privilège ! Malgré le côté spartiate de ces antiques demeures, tout est fait pour le confort des personnes qui y passeront quelques nuits : bain, éviers, toilettes modernes, air conditionné, chauffage et coin cuisine.

Le paysage depuis la terrasse

Le rêve de Tetsuji est de faire découvrir aux touristes occidentaux cet art de vivre, et il a d’ailleurs restauré une autre kominka, plus petite, toute mignonne avec son merveilleux jardin. Il n’y a pas d’autres hébergements dans le village, et les deux maisons sont distantes de quelques centaines de mètres. Autant dire que vous vous sentirez seuls, en immersion dans la vie du village.

47168306_10156440456825020_3212751050553425920_o.jpg

Le village est resté très authentique, une ruralité devenue rare au Japon

Tetusji appartient à la branche shugendō du bouddhisme nippon. Shugendō peut être traduit par ‘la voie du pouvoir spirituel par la discipline ascétique’. Ceux qui suivent cette voie sont appelés ‘yamabushi’, ‘ceux qui suivent la voie de la montagne’. Leur façon de méditer est tout à fait particulière et n’a rien à voir avec les autres écoles bouddhiques, zen, shingon ou tendai… Les yamabushis pratiquent une ascèse en étroite relation avec la nature. Leur pratique bouddhique se mêle intimement avec l’animisme, le culte de la nature et des lieux sacrés. Ils peuvent méditer sous une cascade d’eau glaciale en plein hiver, faire des pèlerinage en s’isolant par les sentiers de montagnes, vêtus de blanc. Un autre monde…

Les yeux de Tetsuji pétille lorsqu’il évoque le shugendō. : « nous méditons aussi en escaladant les falaises à mains nues, ou au bord d’un torrent de montagne. Cette relation fusionnelle avec la nature, leur capacité de vivre loin des hommes, est à l’origine des ninjas, ces guerriers vêtus de noir, capables de venir occire un ennemi dans son sommeil. Si vous pouvez gravir une paroi rocheuse, escalader discrètement le rempart d’une forteresse sera un jeu d’enfant. Et lorsqu’il s’agir de défendre leur foi et leur liberté, les yamabushis se muent en redoutables guerriers. S’il n’y a plus de ninjas à notre époque, Tetsuji et de nombreux yamabushis entretiennent ces traditions de discipline martiale.

10712671_342524559253435_7165739507793194648_o.jpg

Le fils de Tetsuji entretient la tradition des ninjas avec passion !

Nous passerons la journée avec Tetsuji, une expérience unique ! Nous partons vers les cascades d’Akamé, un site naturel majestueux. On n’y pénètre qu’après avoir apaiser les esprits gardiens du lieu par quelques incantations. De quoi vous plonger complètement dans cet univers magico-religieux propre aux yamabushis ! La rivière serpente dans les sous-bois, à l’ombre de falaises vertigineuses. C’est dans ce torrent que vivent les salamandres géantes du Japon. Très discrète, nocturne, la paisible bête peut peser jusqu’à 35 kilos, pour un bon mètre cinquante de longueur ! Invisibles dans leur milieu naturel, quelques spécimens de cette espèce endémique sont montrés dans des aquariums dans le centre d’accueil situé à l’entrée du site.

Nous partons prendre ensemble un délicieux repas dans une auberge tenue par un couple âgé. Pas le moindre touriste étranger dans toute la région. Cette impression d’être dans un monde préservé est encore plus vivre avec la visite d’un magnifique temple, l’un des plus anciens et des plus beaux du Japon, visiblement exclusivement fréquenté par les visiteurs nippons. Le contraste avec certains des temples envahis de touristes à Kyoto est criant !

Notre hôte prend soins d’une belle collection de bonsaïs

Les passionnés du Japon ancien pourront réserver quelques une des activités proposées par Tetsuji : la cérémonie du thé, un élément central de la culture traditionnelle japonaise, ou l’art floral ‘ikebana’ présenté par sa discrète épouse. Son fils peut aussi évoquer le monde des ninjas par des explications et une démonstration de ces pratiques guerrières du temps des samouraïs ! Pour notre part, nous avons eu la chance d’avoir un moine venu tout spécialement de Kobé pour jouer de la flûte de bambou, le shakuhashi. Le soir venu, la lune se lève et les notes s’envolent, lancinantes et pénétrantes. Elles vous emportent aux tréfonds de la sérénité et de la spiritualité d’un Japon auquel bien peu de gens ont accès. Un privilège, disions-nous….

La flûte de bambou ‘shakuhashi’ est percée de cinq trous, pour une sonorité apaisante et une ambiance hors du temps

A SAVOIR :

·         Quand partir :

          Idéalement au printemps (mi-mars à fin mai) et en automne (mi-octobre à début décembre)

·         Quand réserver :

          Le plus longtemps possible à l’avance idéalement 8 à 11 mois avant votre voyage. Il n’y a que deux maisons et elles sont privatives, et ça se rempli…vite !

·         Formalités : pas de visa, un passeport et une simple preuve de triple vaccination suffit

La belle-fille de Tetsuji, et son adorable petite-fille. Un séjour ici est une vraie rencontre humaine

bottom of page